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La Scoumoune sur Avel Douar

Et M..... !!!!!!!!
J'ai tout de suite compris ! On a talonné ! Ceci dit, quand on entend « boum », que le bateau s'arrête net et pique du nez en envoyant promener tout ce qui n'est pas solidement saisi, pas la peine d'avoir fait des grandes études pour piger !
Je jaillis de la table à cartes pour trouver Jean Jacques cramponné à la barre, ( d'une main, l'autre étant occupée à maintenir un T shirt sur son nez endolori par le contact inopiné avec ladite barre). Comme je suis d'un naturel compatissant, je lui lance : « Fais gaffe à pas mettre de sang sur le caillebotis, après on peut plus le ravoir ».. et je file dans les fonds vérifier les boulons de quille...

Jean Jacques, c'est mon copain. On se connait depuis..heu... 15 ans ?.. 20 ans ??? En tout cas ça fait un bail !
Facile à reconnaitre ! Marseillais du bout des orteils à la racine des cheveux ! quand il parleû peuchèéére le Jean Jacqueû, on se croirait dans un film de Pagnol avé Fernandeleû. Au beau milieu de la Manche, il vous donne l'impression de tirer des bords entre le Vieux Port et Pointe Rouge (pardon.. Poïnteû Rougeû). On se surprend à scruter l'horizon pour apercevoir N.D. de la Garde. D'autant qu'il n'est pas arrivé à bord les mains vides : il n'avait pas confiance dans le Pastis breton ! Alors il a amené avec lui quelques... provisions. Ha oui.. j'oubliais ! Et une bouteille d'huile d'olive.. Semblerait qu'à Marseille, ils n'ont pas de beurre pour faire la cuisine ! drôle de pays !
Il navigue depuis longtemps, mais uniquement sur sa méditerranée natale. Ca fait des années que je lui propose de venir découvrir une « vraie » mer en Bretagne Nord, mais qu'on n'arrive pas à faire concorder nos emplois du temps respectifs. Cette année, c'est chose faite !
On a profité d'un séminaire professionnel nous réunissant à Lille pour partir dans la foulée se faire une virée de 15 jours. Direction Plouer sur Rance, Côtes d'Armor. Au programme, découverte (pour lui.. moi je connais !) de quelques petits bijoux de la côte nord, des anglo-normandes et une petite incursion chez les grands cousins (les miens pas les siens !) des Sorlingues .. y en a qui appellent Scillys.
Entre hommes ! Sans nos épouses ! Des vraies vacances quoi ! D'ailleurs, je suis pas superstitieux, ça porte malheur, mais tout le monde sait que les femmes à bord, ça amène que des emm....
Et la poisse, la guigne, la scoumoune, la cerise, le mauvais œil..etc.. quand ça vous colle.. !
Au début, j'ai pas fait attention... un évènement, on ne remarque pas... Un deuxième ,c'est « pas de chance ». Un troisième, c'est juste une coïncidence.. un quatrième, on commence à se poser des questions, sans plus ! Mais après, on commence à chercher le coupable !
Et là, le Jean Jacques, j'ai commencé à lui trouver une vraie tronche de coupable idéal ! Ben quoi ? normal non ? J'ai pas croisé de chat noir, pas de curé non plus ! ça doit être lui ! Et il ne me l'a pas dit !
Ca a commencé avant même notre départ. A Lille.
Comme je vous l'ai dit, nous y étions pour un séminaire professionnel de 2 jours. Le soir du 1er jour, avec quelques confrères, nous nous retrouvons dans un petit resto pour le diner.. « apéro ? ok.. apéro ». et là ! Le Drame !!!!! Le resto avait ouvert 2 jours avant, et les stocks n'étaient pas encore complets. On avait choisi le SEUL resto de la ville où ils n'avaient pas de pastis !
Pour un Marseillais, un apéro sans pastis, c'est.... un repas sans camembert ! C'est Castor sans Pollux ! C'est Montaigne sans La Boetie ! c'est... ... c'est.. Tiens ! C'est une tartine sans beurre salé ! I.M.P.O.S.S.I.B.L.E !!!! ça n'existe pas ! Le concept même lui est étranger !!!!!
Mais bon.. avouez que tomber sur le seul resto de la ville sans pastis, c'est un manque de chance caractérisé non ?
Je n'y ai pas fait attention.. j'aurais du !

Départ de Plouer pour le vaillant équipage. Sitôt passé le barrage de la Rance, à envoyer la Grand-Voile ! A nous la Manche ! et là....... La bôme se comporte.... bizarrement ! Appelons ça une envie de liberté ! J'affale immédiatement et me précipite en pied de mât. ... l'écrou du vit de mulet s'était desserré et avait disparu . L'axe avait suivi le guindant de la voile. Ben quoi, ça arrive ! la preuve ! (bon.. ça ne m'était encore jamais arrivé, mais faut un début à tout !) D'ailleurs, j'ai eu de la chance ! J'ai pas perdu l'axe ! Simple incident donc... pas fait attention non plus... ce n'est qu'après coup que.......

Belles journées de navigation.. belle mer.. beau temps... découverte des courants de marée par notre Marseillais : « on marche à 6 nœuds... c'est bizarre... tout à l'heure la côte défilait drôlement vite ! et là, on a du mal à dépasser le casier !!!??? » ... « he oui.. ça te change de ta baignoire habituelle hein ? »... Les temps forts de la journée ? ben.. l'Apéro bien sûr ! le Vrai, pas comme à Lille! avé le PASTISSEÛ !!!
Petits mouillages sympas.. Fort La latte... et nous voilà à Bréhat. Pas possible de zapper ce petit bijou quand on navigue dans les parages. Arrivée le soir.. mouillage à La Corderie. Au matin, débarquement pour une visite de l'ile (ç'aurait été dommage de ne pas faire!). Et en fin d'après midi, on repart. Direction les Sorlingues... les phoques de Tresco, St Mary.. la Mermaid of course ! j'ai déjà le goût de la bière sur le palais !
On envoie la toile, moteur au ralenti en sécurité.. Jean Jacques à la barre... « Bon.. tu vois la balise là bas ? Tu fais le tour pour reprendre le chenal. Je vais tracer la route pour la suite. ».. Je rentre à la table à cartes.... 2 minutes après.... Et M..... !!!!!! (voir le début du récit)....
Il a écouté le Capitaine le Jean Jacques : il a fait le tour de la balise ! ... mais du mauvais côté ! « Mais ?????!!!!!!! Hier soir, on est passés LA ! J'ai suivi la trace sur le GPS ! On est PILE dessus ! » Il avait raison ! hier soir (marée haute) on était passés par là.. mais aujourd'hui (mi –marée), fallait même pas essayer !
Et le voila qui rajoute ; « Té !!! regardeû sur le sondeureû !!! Là où on est..c'est une tache verteû ! Vert, c'est quand on peut passer putaingue non ? »... ben non.. sur le combiné sondeur/GPS installé au poste de barre.. vert, c'est l'estran !
En Bretagne, y a des cailloux qui poussent pendant la nuit ! Le soir, on jette une poignée de gravillons, et le matin, on retrouve ces GROS rochers qui font la joie des photographes et la réputation de notre beau pays ! Un vrai choc (au sens propre) culturel ! Une révélation !!! Le Marseillais découvrait les joies des marées..Evidemment, chez lui, 6m de marnage, c'est inhabituel ! J'aurais dû y penser !!!!!!
Bon.. pas d'entrée d'eau aux boulons de quille. On a eu du pot ! Voile bordée à plat pour faire giter... On se dégage du caillou, et on repasse la balise (du bon côté !... Hé.. on me la fait pas 2 fois !!!!).
Nous voila repartis pour les Scillys. Pas longtemps. Au bout de quelques minutes, je remarque un peu d'eau dans les fonds.. allez hop. Pompe de cale en action.. ça étale à peine. Recherche de la « source » : sous le choc, le joint tournant du presse étoupe s'est fendu. Enfin.. fendu.. une grosse fente quand même. Une fente comme ça, j'appelle ça une déchirure du soufflet moi ! Je resserre les berges..solidarise avec de la garcette.. ça va.. ça goutte encore, mais la pompe étale facilement et le niveau baisse. Evidemment, pas question de continuer comme ça. Le port le plus proche équipé pour une sortie d'eau ? Lézardrieux. Appel VHF.. Ok... On me sortira demain matin (ce soir, le temps d'arriver, le port ne sera pas accessible). Remontée du Trieux à la voile.. gentiment vu que le vent est tombé. Et pas de possibilité d'embrayer le moteur avec ce foutu joint tournant déchiré et mon montage de garcettes ! Il tourne débrayé juste pour alimenter les batteries (c'est fou ce que ça consomme une pompe de cale ! Plus que Jean jacques !!!!!). Le vent est tombé. Comme ça, on a tous les avantages ! La lenteur majestueuse de la voile, qui nous laisse le temps de savourer cette magnifique rivière.. et le doux ronronnement du Volvo pour nous rappeler qu'on est dans la m..... ! Mais c'est l'heure du pastis... on va pas se laisser abattre !

Nuit au ponton d'attente.. quarts périodiques « pompe de cale » pour agrémenter la nuit... et le matin, confirmation du diagnostic par le mécano : changer le joint tournant. Flux tendu oblige, faut le commander. Pour gagner du temps, démontage dans la foulée du joint endommagé. Tant qu'à faire, on va aussi changer l'arbre d'hélice qui est un peu marqué au niveau du joint. On devrait avoir les pièces demain en début d'après midi. Demain soir, on sera de nouveau à l'eau. Ca fera une journée perdue, mais bon.. c'est pas la mort ! Coup de fil à l'assurance pour déclarer le sinistre.. tout va bien.. ils couvrent. La sortie d'eau intégralement par l'assistance. Le changement du presse étoupe et de l'arbre d'hélice par l'assurance (avec de la vétusté et une franchise.. mais c'est normal!).
Le lendemain attente des pièces..ça passe pas vite les minutes quand on attend !!! Elles arrivent enfin.. Le mécano remplace l'arbre d'hélice. Puis monte à bord pour mettre en place le nouveau joint tournant.. et ....
Re M..... !!!!! Vérification de la Loi de Murphy!!!!! Le diamètre ne correspond pas au niveau du tube d'étambot... La scoumoune je vous dis !!!! Erreur de livraison ! Faut recommander un nouveau joint ! Vu l'heure, la commande ne passera que demain... donc livraison après demain.. mais après demain, c'est samedi.. pas de livraison le samedi ni le dimanche.. Lundi, c'est le chantier qui est fermé.. donc... ben.. livraison Mardi après midi (pour une raison inconnue, les livraisons, c'est uniquement l'après midi).. et remise à l'eau mardi fin d'après midi
Ce qui fut fait. Mais avec 5 jours dans les dents, plus question d'aller aux Sorlingues. Direction Guernsey donc. Nous avions prévu de garder les Anglos pour le retour. Vu qu'il n'y a pas d'aller....C'est sympa aussi Guernsey ! Et juste à côté, il y a Sark où j'ai mes habitudes de mouillage.. une ile qui mérite le détour, une petite perle ! Je vais lui faire découvrir ça au Marseillais !
En attendant, une remise à l'eau, ça s'arrose. Pastis !!!!

Et le plaisir de se retrouver en mer ! J'ai profité de notre escale forcée pour caréner. La coque est lisse comme une peau de bébé. Vent 20à25 nœuds plein Nord (dans le nez évidemment). 2ris et quelques tours dans le génois. (Le PTE n'aime pas être surtoilé. Aux allures de près, je prends un ris vers les 17 nœuds).
En faisant un cap au 45, ce qui me fait laisser les Roches Douvres à bâbord et m'amène sur Jersey , Avel Douar marche superbement ! Pratiquement tout le temps entre 8 et 9 nœuds. Inutile de chercher à pointer davantage. Avec la mer courte qui s'est formée, le bateau aurait tendance à s'arrêter. Autant adopter une allure plus confortable et plus rapide.
Arrivé à 5 milles du phare de Corbières, virement . Le vent a légèrement tourné. Nous prenons un cap au 270 pendant 1h30 pour nous replacer.
La pointe sud ouest de Guernsey au 45. Re-virement... Avel Douar file un os entre les dents. Le petit jour se lève sur une mer un peu hachée, mais très maniable. Nous sommes à 8 milles de Fermain Point. A ce train là, on sera à St Peter en début de matinée.
C'est l'heure du petit déj.. tant que j'ai pas eu mon café, suis (un peu) grognon... On est tranquillement dans le carré à siroter notre premier café. ... ????? Un choc!!!!!! Grand bruit sur le pont !
Et RE-RE M ..... !!!!!! Plus de génois !!! Plus d'enrouleur !!!!!.... heu... plus d'étai en fait ! Ha si ! L'étai, il est toujours là.. en tête de mât. Il se balade d'un bord sur l'autre au gré des mouvements du bateau ! Je suis en train de chaluter le reste.. enrouleur, génois.... !!!!!!! L'étai a cassé au ras du sertissage inférieur ! La guigne je vous dis !!!!!
Vite, abattre en grand avant de prendre le mât sur la g.... ! Assurer le mât en frappant la drisse de spi et la 2ème drisse de génois sur le davier d'étrave (vu ma chance ces derniers temps, 2 drisses, c'est mieux qu'une seule !). Faudra vraiment que j'installe un étai largable! Maintenant.. remonter à bord mon chalut improvisé.. l'assurer le long des filières.. ça n'a l'air de rien, mais un enrouleur et un gégène pleins d'eau, remorqués à 7 nœuds, ça pèse un âne mort ! Et j'ai même pas fini mon café. Maintenant, va être froid !
Le vent a tourné WNW. Le vent arrière nous fait une route directe sur St Malo. Autant en profiter ! Allez.. on rentre !
Retour (prématuré) à mon mouillage sans autres péripéties.

Mais là, je commence à avoir quelques doutes... ça fait beaucoup de « coïncidences ».. Y a« quelque chose » ». ça ne peut être que le Marseillais qui porte la poisse ! D'ailleurs.. mes doutes vont rapidement trouver confirmation !
Puisque nous sommes rentrés plus tôt, et que la réception d'un nouveau profil d'enrouleur prendra quelque temps, autant faire visiter la région à notre touriste... J'ai retrouvé ma voiture sur le parking du port. Nous voila donc motorisés.
Déja.. changer l'étai.. Direction St Malo pour en acheter un neuf... Armor Voiles me le fabrique sur le champ et je repars avec.. bravo ! On en profite pour visiter la ville.
De retour à bord.. ben... y a pas.. faut monter en haut du mât pour installer le nouvel étai. J'avais prévenu : mieux vaut éloigner les oreilles sensibles.. des fois que j'aurais un peu de mal dans cette opération... ça n'a pas manqué ! Plusieurs heures perché en tête de mât rien que pour retirer la p... de goupille qui maintient l'axe en place ! Ha ça risquait pas de partir !!!! J'ai dit quelques gros mots.
Mais ça a quand même été un succès ! je l'ai eue !!!

Le lendemain, dégustation d'huitres au port de Cancale. Assis sur la jetée face à la mer.. le pied !!! et on a réussi à terminer nos huitres sans se faire fienter sur la tête par une mouette facétieuse ! Alléluia ! la chance serait elle revenue ?
Le soir.. faut aller faire quelques courses... Hop.. un coup de voiture (c'est pratique !) et direction Dinan.. je me gare.. quelques petites amplettes.. on ressort.. et...
RE RE RE M .....!!!!! Impossible de démarrer ! Batterie flashée ! Plus une goutte de jus ! Pas de câbles bien entendu dans le coffre.. Trop tard pour aller chercher une nouvelle batterie, le garage vient de fermer..alors ?.. « Allô ? L'assurance ? c'est encore moi....pourriez m'envoyer une dépanneuse ? ». Après 2 petites heures d'attente, la dépanneuse arrive.. un coup de câble.. ça tourne. Juste.. faut pas couper le contact.. ni caler !
Re vérification de la Loi de Murphy : on est Vendredi soir.. Veille du WE du 14 juillet...tout est fermé. y aura pas possibilité d'acheter une nouvelle batterie avant la fin du WE... Mardi. Comme je suis TRES chanceux, j'ai la batterie de secours sur le bateau. Et une paire de câbles. Ça ne fera que 3 jours à jouer du câble à chaque démarrage !
Le Lundi.. un coup de câble pour démarrer.. et j'accompagne le Jean Jacques à la gare.. Il repart à Marseille. Changement à Paris.pas besoin de GPS pour ça ! Le soir.. petit coup de téléphone.. Môssieur a raté la correspondance à Paris de quelques minutes.. il a dû repayer un autre billet pour Marseille....Marseille où bien entendu il est arrivé tard le soir au lieu de l'après midi.. du coup, sa femme a refusé d'aller le chercher à la gare.. il a donc dû prendre un taxi pour rentrer chez lui... où l'attendait une engueulade... Quand je dis qu'il trimbale la scoumoune ! C'est pas une preuve ça ?
La malchance allait donc s'éloigner ! ... enfin.. je croyais..

Le lendemain, voulant retourner à bord (je suis mouillé sur corps mort)....RE RE RE RE M .... !!!!!
Je constate que mon annexe rigide a disparu. Pourtant, pas de quoi attirer la convoitise ! c'est une vieille annexe complètement pourrie qui reste sur la cale 365 jours/an. (sauf lesw années bissextiles.. là, c'est 366). Personne n'a jamais eu l'idée de me la piquer !!!! ... sans doute des gamins l'ont « empruntée » pour s'amuser. J'espère qu'ils savent nager ! Mais quand même !!! Drôle de coïncidence !!!! Pourtant, il n'est plus là le Jean Jacques !!!!

Pour couronner le tout .... coup de téléphone de mon fils, resté à Paris. « Papa ?.. je viens d'avoir un petit accrochage avec la voiture de maman. Rien de grave ! juste l'aile un peu cabossée, mais elle frotte sur la roue ! je fais quoi ? ».... Ben... « allo ? l'assurance ? c'est encore moi ! pourriez envoyer une dépanneuse ? ».. l'expert n'a pas été du même avis que mon fiston.. voiture non réparable... la cerise je vous dis !!!!!
Je ne pouvais plus incriminer le Marseillais ! il était à 1000km de là !!!! Devait y avoir autre chose !!! d'autant que.. en réfléchissant un peu... la série avait commencé AVANT son arrivée....

FLASH BACK : au mois d'avril, je suis sorti un week end... à mon retour...
ET M..... !!!!! Plus de bouée de mouillage !!! Mon mouillage avait disparu ! ça s'évapore pas un mouillage ! positionnement avec le GPS.... J'enfile la combi.. je capelle le bloc et le détendeur...je l'ai retrouvée ma bouée de mouillage ! Au fond ! Proprement (si on peut dire) découpée par une hélice. .. rien de bien grave, mais c'était le premier signe de la série.
Le week end de Pentecôte, il y a eu un violent orage de grêle... Résultat : 90% de ma toiture détruite.. mes jolies petites tuiles plates vieillies pulvérisées.. « allo ? l'assurance ? c'est pour vous déclarer un sinistre.... »... à ce jour, c'est pas encore réparé. j'ai une bâche verte du plus bel effet en guise de toiture.. ça donne un genre.. c'est joli le vert !
Ha.. et puis aussi.. « allo ? l'assurance ? heu.. avec la grêle, on a aussi 2 voitures un peu abîmées » (ils vont m'adorer cette année à la compagnie d'assurance!!!) Parce que.. « un peu abîmées », c'était juste pour pas leur faire peur !.. en réalité, les 2 voitures, elles sont « customisées » façon « Bande de Gaza »... criblées d'impacts, comme passées à la mitrailleuse légère !... enfin.. « légère ».... j'ai récupéré dans mon jardin des grêlons de la taille d'une boule de pétanque (les plus gros ! la moyenne, c'était plus petit ! entre la balle de tennis et la balle de golf.. j'ai eu de la chance que le Bon Dieu n'aie pas de ballons de foot en stock !!!!!).
Mais bon.. là, ça commence quand même à faire une série ! Plus que des coïncidences ! y a surement quelque chose !

Puisque je suis à bord et que la fin de saison est quasiment foutue, autant faire un peu de rangement. A commencer par le coffre à vivres. Pas la peine de garder des trucs périssables. J'ai entre autres quelques bocaux de pâté qui seront aussi bien à la maison. Tiens.. celui là par exemple.. un assortiment de 4 boites sous plastique acheté au supermarché... pâté de sanglier.. pâté de chevreuil.. (vachement bon tout ça.. autant que ça se perde pas). Paté de .. de ??!!!! DE ???!!!! ET M..... !!!!! c'est marqué en toutes lettres dessus !! J'ose même pas répéter le mot ! même dans ma tête !!!! QUI a introduit « ça » à bord ? me faut un coupable ! un ? NON !!!!! UNE !!!!! Qui a fait les courses au supermarché ? HEIN ???? quand je disais qu'une femme à bord ça n'apporte que des emm.... !!!!
Désolé Jean jacques. Toutes mes excuses mon copaing ! je t'ai soupçonné à tort ! T'étais victime, pas coupable !
Bon. c'est pas le tout ! Je suis pas superstitieux mais ... y en a pas un qui aurait un grigri à me céder ? Un truc efficace ! je sais pas moi.. un stock de fers à cheval ? un champ de trêfles à quatre feuilles ? une couverture en peau de singe... Non merci ! Pas de patte de ... Longues Z'oreilles. J'ai déjà donné ! 

DEFRIEFING

● Pour le vit de mulet : je ne m'étais jamais penché sur la question. L'écrou devait être celui d'origine, avec une rondelle intercalée( j'ai retrouvé la rondelle sur le pont). Ca aurait pu plus mal tourner s'il y avait eu plus de vent ou si j'avais également perdu l'axe du vit de mulet. Le remplacement par un écrou Nilstop à titre préventif me semble judicieux.

● Pour le talonnage : j'assume la responsabilité. Les chenaux de Bréhat, quand on ne connait pas, c'est un beau labyrinthe. Jean Pierre ne connaissait ni la Manche, ni le coin, ni le bateau. Et la notion de marée, il en avait entendu parler.. Sans plus. J'aurais dû être plus précis dans mes consignes ou rester sur le pont jusqu'à être dans le chenal. Il faisait beau. Je n'ai pas vu de difficulté particulière. J'étais trop détendu et je n'ai pas sécurisé le départ comme je l'aurais fait dans des conditions moins clémentes. Donc, belle c.....rie de ma part.

Ceci dit, concernant le matériel : on marchait à environ 3 nœuds quand ça a tapé. J'ai pu constater tout de suite que les boulons de quille n'avaient pas bougé. Après coup, une inspection plus approfondie m'a permis de vérifier que les varangues avaient tenu. Ca rassure sur la qualité de construction du feeling 10.90. C'est vraiment un bon bateau !
Ce n'est qu'une supposition, mais je pense que lors du choc, l'inertie a fait glisser le moteur vers l'avant en jouant sur l'élasticité des silent-blocks, arrachant ainsi le soufflet. Et que le moteur a ensuite repris sa place. Le joint tournant était d'origine, lubrifié à l'eau.. Il ne m'avait jamais posé de problèmes, mais je suppose que le caoutchouc du soufflet était un peu fatigué. Sinon, je crois qu'il aurait tenu. L'étirement ne devait pas être si conséquent que ça. Je l'ai remplacé par un joint RTM, qui nécessitera un graissage annuel, mais m'évitera la petite manœuvre de remplissage du soufflet après une longue période d'inutilisation ou une sortie d'eau. 

● Pour la position : sur la colonne de barre, j'ai un combiné sondeur-GPS Garmin . La trace indique la position exacte. Pile sur le caillou. Rien à reprocher au GPS.
A la table à cartes, j'ai un PC avec une antenne GPS sur clé USB. La trace enregistrée sur Open CPN me place au moment du choc à une position pas très éloignée, et du bon côté de la balise. De l'intérieur, je ne pouvais donc pas voir l'erreur de navigation. Précision insuffisante donc. La différence n'est pas énorme, mais suffisante pour taper... dont acte ! 

● L'étai et l'enrouleur :
Avel Douar est équipé d'un enrouleur ALADO. Contrairement à d'autres modèles, cet enrouleur est à drisse intégrée. Le tambour situé en tête de mat y reste, même lors de l'affalage. Il tourne directement autour de l'étai, sans être tenu d'aucune autre manière, alors que les autres modèles comportent une partie fixe et une partie mobile envoyée sur la drisse de génois, autour de laquelle le tambour tourne lors de l'enroulement/déroulement du génois. Le génois est donc dans ce cas maintenu en tête de mât par sa drisse en cas de rupture de l'étai.
C'est ce qui explique que lors de la rupture du mien (au sertissage inférieur), le génois et l'enrouleur sont tombés à l'eau, l'étai ayant tout simplement glissé à l'intérieur de l'enrouleur. L'enrouleur est resté à bord grâce au tambour, assuré par une garcette sur le balcon avant. Sans cette précaution, l'ensemble enrouleur/génois serait passé par-dessus bord, uniquement retenu par les écoutes. Ca en aurait certainement compliqué la récupération.
Par chance, lors de la rupture d'étai, le génois était partiellement enroulé. Je suis persuadé que cette circonstance, en « manchonnant » le profil d'enrouleur, a évité des dégâts plus importants. En effet un des segments du profil a cassé lors de la chute, ou pendant qu'il était chaluté. Je suis sûr que si le génois avait été entièrement déroulé, le segment fracturé aurait percé la voile en arrière de la ralingue et il y aurait eu déchirure à ce niveau. Là, le génois s'en est tiré indemne.
Je me suis bien entendu posé la question de l'origine de la rupture d'étai. L'enrouleur était à poste depuis début 2010, sans vérifications particulières de ma part. J'ai soupçonné (à tort ) une usure de l'étai ou un détoronnage dû à l'enrouleur aux points de contact. A l'inspection (minutieuse vous vous en doutez) de l'étai, AUCUNE trace d'usure. Pas un gendarme. Enrouleur pas coupable donc.
Pas non plus un point de rouille apparent au niveau du sertissage.
Je n'ai donc pas d'explication sur cette rupture. Tout au plus, je suppose qu'il est possible que sous le choc, l'étai ait subi un étirement brutal (coup de fouet de la tête de mât ou au contraire du tambour d'enrouleur) qui l'aurait fragilisé, d'autant que le tambour en fonte d'alu est relativement lourd. C'est du « simple et costaud » qui inspire confiance, avec cependant ce petit défaut. Mon hypothèse n'est cependant fondée que sur la concordance de temps entre le talonnage et la rupture d'étai. 

● Le retour vent arrière :
Là, y a pas à discuter. Je vais songer très sérieusement à installer un étai largable. J'aurais pu équilibrer le bateau beaucoup mieux en installant une trinquette ou même un tourmentin endraillés sur l'étai largable. Sans compter que ça aurait été plus sécurisant que mes drisses.

Faut positiver... Mes aventures estivales m'ont permis de rencontrer des gens super ! des pros ! mais derrière le pro, il y a l'humain.. c'est souvent lié d'ailleurs.. si l'inverse n'est pas toujours vrai, j'ai souvent constaté que les vrais pros sont souvent des personnalités super.
Je ne peux donc pas terminer ce récit sans quelques REMERCIEMENTS :
Dans l'ordre d'intervention : 

●TRIEUX MARINE à Lézardrieux : Merci à toute l'équipe, pour son professionnalisme et sa gentillesse! Le professionnalisme.. c'est leur métier. A la limite, c'est normal (même si ça se perd). La gentillesse, c'est.. ben.. c'est Eux.. tout simplement !
Concernant mon séjour sur votre terre plein, je parlerai « d'hospitalité ». Grace à vous, ces quelques jours d'attente, qui auraient pu être des jours de galère, ont été aussi agréables qu'une escale volontaire.
Merci en particulier à Mickael (le roi du ber roulant !) et à Dédé (le mécano) pour leur efficacité et leurs conseils avisés, à Soizic qui s'est démenée derrière son téléphone pour accélérer le passage de l'expert.
Un GRAND merci à Monsieur Lemercier : Nous voyant « coincés » à bord sans moyens de locomotion, il nous a prêté les clés de la voiture du chantier pour que nous puissions nous déplacer.
Un petit coucou amical à Moïse son fils : j'espère que tu t'éclates bien avec tes copains sur votre Armagnac ! C'est un super bateau ! il est superbe ! 

●ALADO à Rio de Janeiro : Suite à la rupture d'étai, quelques sections du profilé d'enrouleur étaient tordues. A changer donc. Après contact avec leur responsable France contact@alado-reef-and-furl.eu , en moins de 15 jours devis, paiement, envoi), les sections de remplacement m'étaient livrées à domicile. Ca, c'est pour l'efficacité... MAIS : en plus, un jeu complet de paliers de remplacement y étaient joints gracieusement ! Ca, c'est pour l'efficacité + la gentillesse... ET ENFIN : au moment de remonter l'enrouleur, je me suis aperçu.. que j'avais oublié de commander une pièce.. re contact avec ALADO... 4 jours après, je recevais la pièce manquante.. à titre gracieux.

Que dire donc ? 4 jours de Rio à Paris...+ la gentillesse.. un SAV comme celui là, on aimerait en croiser plus souvent Merci à André Levy manager d'ALADO, et à Jean Pierre, qui a facilité tous les contacts entre le Brésil et la France. 

●ARMOR VOILES à St Malo, qui m'a fourni un étai neuf en 10 mn chrono. 

Roland, sur Avel Douar