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Remplacement chaise d'arbre sur un Feeling 346 DI

La casse

Dans l'ancien port d'Ars encombré, en troisième à couple sur une extrémité de ponton pour des bateaux de 6 m, à la marée descendante, 10 nœuds de vent nous poussant vers les 50 et 40 pieds qui désirent sortir, deux à la manœuvre, moins de 10 mètres devant et 5 mètres derrière nous aurions dû nous méfier et ne pas nous précipiter...
Un à l'avant pour déhaler et passer le lit du vent, l'autre (moi) à la barre et sur l'amarre bâbord arrière. Je donne du mou à l'amarre pour ne pas trop reculer tandis que l'équipière largue et écarte l'avant du feeling du 40 pieds à couple. J'embraye en marche avant et reprends rapidement l'amarre arrière passé en double sur le taquet du 40 pieds. Longue amarre de 8m avec 10 mètres à courir devant... je la laisse sur le plat bord en vrac. Le feeling commence à virer mais on est trop juste pour éviter la vedette en face. Marche arrière et barre à contre, je me retourne pour vérifier ma position par rapport au 40 pieds que nous venons de quitter. Je vais passer au point mort quand le moteur cale brusquement. Je baisse les yeux et je vois le bout de l'amarre au taquet et tendue. L'amarre a filé à l'eau ! Elle s'est prise dans l'hélice. Le bateau recule sur son erre et poussé par le vent, nous nous accrochons au 40 pieds du bout des ongles.
Nous appelons un de mes fils pour qu'il vienne retirer l'amarre de l'hélice. En l'attendant j'appelle la capitainerie pour leur dire que je ne suis plus manœuvrant et que je ne changerai pas de place avant la prochaine marée. Après mon appel dans le carré, j'entends un bruit d'eau. Je dégage la couchette arrière et ouvre le coffre au-dessus de la ligne d'arbre. Le presse étoupe laisse passer l'eau, le dessous du moteur commence à baigner. Je repositionne le presse étoupe qui fuit moins mais laisse encore passer plus d'un litre/minute. Je saisis la poignée de la pompe à main et la met en œuvre pour assécher, mon équipière enclenche la pompe de cale en marche forcée au cas où.
Je redescends pour recaler le presse étoupe. Il ne perd plus que quelques gouttes. Mon fils arrive, plonge et retire l'amarre en deux apnées. J'enclenche le démarreur pour vérifier si tout va bien. Je relâche aussitôt en entendant des chocs sous la coque. Il y a de la casse...

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Je rappelle la capitainerie pour un remorquage vers la cale de mise à l'eau. A marée basse nous constatons les dégâts, ligne d'arbre (25mm) tordue au ras du tube d'étambeau et chaise d'arbre cassée. A la marée haute du soir le feeling est sorti de l'eau.

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La dépose

Après avoir entendu quelques conseils nous proposant :
-de ressouder (la fonte ?)
- boulonner des contres plaque et de stratifier par-dessus
- de monter un hors-bord.
L'expert de l'assurance a remis les pendules à l'heure et nous a conseillé de faire le deuil de nos 15 jours de navigation restant. Une seule solution : la dépose de la chaise et son remplacement.
Personne n'avait encore fait cela dans le coin. Quelques conseils sur HEO me confirme la faisabilité de l'opération. Mais avant il faut casser encore plus pour sortir le moignon de l'ancienne chaise.
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Après le 15 Aout je joins Madame Daniel qui a la haute main sur les archives des Feeling. Malheureusement elle ne retrouve rien concernant la chaise d'arbre.
On va donc procéder par sondage pour comprendre comment cela est monté.
Matthieu d'Abysse Atlantique a accepté de faire la réparation, la résine n'a pas de mystère pour lui et l'assurance valide son devis.
Je démonte l'arbre d'hélice, nous prenons les cotes, il fait 1.40 de long hors-tout. Les arbres faisant 1.50 en standard, il faudra recouper. Nous passons commande.
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Nous commençons à creuser par dessous autour de la chaise et nous rencontrons, après près d'un centimètre de stratifié, du bois, du vrai, du chêne.
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Nous comprenons la protubérance à l'intérieur après le tube d'étambeau, c'est une pièce en bois, qu'il faut démonter par l'intérieur.
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Après avoir installé un bâchage digne d'un chantier de désamiantage, il faut casser l'ensemble. Cela va se faire au burin et un peu à la meuleuse mais pas trop à cause de la poussière. Je ne reste pas dans le coin, je n'aime pas quand on tape sur mon bateau...
Après deux heures de travail le bout restant de la chaise est extraite.
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Il reste l'empreinte au fond de la pièce de chêne (en fait deux jumelles boulonnées enserrant la chaise d'arbre) Il n'en reste pas grand-chose au démontage.
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La Reconstruction

Il faut maintenant prendre les dimensions de la chaise et commander sa petite sœur.
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La nouvelle chaise sera trouvé chez ER France - ZI de Périgny .
Le remontage se fera début septembre après mon retour au boulot.
Les jumelles en chêne sont réalisées, les dimensions dépendent de la chaise. Elles doivent s'adapter à la forme de la coque.
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Un support réglable permet de centrer l'arbre dans la tube d'étambeau ainsi que la hauteur de la chaise.
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L'ensemble est noyé dans le mastic, la résine et le mat.
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Une sous couche d'apprêt avant l'antifouling
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Conclusion

Je ne m'appesantirai pas plus sur mon erreur et ceci n'excusant pas cela: concernant la chaise qui a cassé, son aspect très rouge et granuleux laisse à penser qu'elle était corrodée vu son âge. Un courant de fuite important sur le guindeau pourrait avoir également aggravé le problème. Le fabricant de la chaise préconisait de relier la chaise avec une tresse de masse, mais cela a été oublié au remontage. J'ai isolé le défaut sur le guindeau.
Didier, sur Nouba 2