Remplacement bagues de safran
Nature de l’intervention
Bien que le jeu soit encore acceptable, j’avais constaté, lors du carénage précédent, qu’en secouant le safran un peu d’eau s’écoulait. Mon analyse était la suivante. S’il y avait de l’eau piégée entre les 2 joints spi c’est que leur étanchéité commençait à faiblir.
C’est pourquoi nous avons décidé et préparé cette intervention pour le carénage suivant.
Préparation de l’intervention
La richesse du club Feeling
En consultant les différents articles rédigés ainsi que les plans existants sur le site du club Feeling, j’ai pu, en confrontant ces éléments à ce qui était visible sur mon bateau, me constituer un dossier solide (le montage du 346 et identique au 1040). Je l’ai complété avec deux échanges téléphoniques avec des membres du club. Bravo et merci à tous pour cette mine d’or technique.
Approvisionnement matériels
Le sabot qui permet de libérer la descente du safran est tenu par une vis de 16X90 TCHC inox A4 (4,53€ chez Cergy vis). Sachant que la tête était légèrement abîmée, j’avais prévu son remplacement. Prévoir la clé Allen pour vis BTR de15 et rallonge pour faire bras de levier. Les premiers tours sont durs.
Approvisionnement matière pour réaliser les 2 nouvelles bagues : en réalité, il y en 3 avec celle qui est sur le pont au niveau de la barre franche que j’avais déjà refaite. Logiquement il faut environ 160 mm de POM d’un diamètre de 100 pour réaliser les 2 bagues et la rondelle. Cependant il faut inclure les pertes liées à l’usinage (serrage mandrin par exemple) et un problème d’usinage potentiel, ce qui nous est arrivé (la bague supérieure avait un peu trop de jeu à l’emboîtement donc refaite). J’avais acheté une barre ronde de POMc blanc ( Polyoxymèthylène) diamètre 100 longueur 400 (57,10€ avec port chez diplatech).
L’approvisonnement en joints spi m’a posé bien des reflexions au préalable. Celles-ci sont remontées aux fabricants eux-mêmes que j’ai sollicités sur la certitude du ressort inox et sur la qualité du joint à l’eau de mer. En résumé, avec les éléments et références obtenues, j’ai acheté le produit chez 123 roulement : OAS-60-75-8-FPM à 8,95 pièce (il en faut 2) Attention, il existe plusieurs modèle chez 123 roulement, il faut prendre du FPM plus coûteux.
Programmation interventions
Réalisation d’un planning de grutages associés à la réalisation des bagues. En effet, vu la longueur du safran et sa mèche il faut soulever le bateau très haut ce qui implique un calage de grande hauteur pour un dériveur (danger de stabilité). Solution non retenue. Nous avons opté pour 2 grutages rapides supplémentaires pour déposer et reposer le safran. Pour la petite histoire, le planning bien calé avec les différents intervenants a dû être revisité en direct : panne de la grue la veille entraînant un décalage de 2 jours. Tout le monde a fait son possible « j’aime les plans qui se déroulent sans accrocs ».
Etapes de dépose du safran en images
Phase 1
- Démontage du sabot pour permettre la descente du safran. Desserrage à la clé Allen pour vis BTR de 15 et rallonge pour faire bras de levier
- Calage du safran au préalable pour éviter qu’il tombe violemment.
- Démontage de la barre franche et de la pièce rectangulaire en bronze.
Vérification au préalable du point de calage du safran pour éviter qu’il tombe violemment.
Désolidarisation de la bague en inox de la mèche de safran (2 vis de 8). Accès à la mèche par les cabines arrières.
- Descente du safran en contrôlant celle-ci à la main (Reprise de la charge à la main à deux personnes au pied du safran après avoir enlevé le calage de sécurité.
Fin de la première phase, le safran pose sur le sol et il faut soulever le bateau pour dégager la mèche du tube de jaumière.
Phase 2
- Premier grutage du bateau pour déposer le safran. Travail rapide mais en douceur en soulageant le safran pour éviter tout phénomène de bras de levier sur le tube de jaumière.
La longueur totale de la mèche et du safran est de 212 cm ce qui implique qu’il faudrait mettre environ 1,50m de calage sous le lest.
- Sortir les 2 bagues en POM qui sont dans le tube de jaumière. Ne sachant pas à l’avance si elles sortiraient facilement j’avais réalisé un outil (longueur 60cm) d’un diamètre qui passe à la place de la mèche de safran mais avec un rebord pour pouvoir taper sur les bagues sans les mater. Du coup, elles sont sorties facilement sans effort et sans dégâts.
Inventaire des différentes pièces et dimensions
Vue générale des pièces au démontage des pièces
Dimensions des pièces d’usinage
A titre indicatif la dimension intérieure du tube de jaumière était de 80,90mm et 60 mm pour la mèche. En effet, c’est de la mécanique sur une pièce tournante. Il est préférable de les réaliser au regard des dimensions précises du tube de jaumière et de la mèche de safran pour éviter trop de jeu ou trop de serrage. A l’occasion de la préparation, j’ai fait le tour des différents chantiers et ateliers qui usinent ce type de bague. Ce qui ressort, c’est une tolérance d’environ 0,2mm de jeux pour la mèche (alignement de la mèche sur 3 bagues (2 inférieures et 1 haute) et de serrage pour les emmanchements dans le tube de jaumière. Ce qui s’avère bon après montage car je n’ai pas de jeu ni de point dur.
Remise en place du safran
Après avoir remis les bagues et les joints spi en place dans tube de jaumière (légèrement en force en tapotant), nouveau grutage pour remettre le safran. L’opération consiste à lever suffisamment le bateau afin rentrer la mèche dans le tube jaumière. Il faut être 3 personnes. Une personne à l’intérieur pour remettre la bague inox et éviter que la bague supérieure du tube de jaumière remonte. Les deux autres personnes (il faut porter le poids du safran) rentrent la mèche de safran manuellement pour éviter tout choc ou effort. Nous avons utilisé un établi pliable et un jeu de cales que nous pouvions glisser sous le safran pour reprendre la charge au besoin et ainsi sécuriser l’opération. La descente du bateau en plusieurs étapes jusqu’au blocage de la mèche au niveau du pont avec le boulon de fixation de la barre franche (pour éviter qu’il redescende) a permis la remise en place du safran en douceur. L’opération est un peu physique mais courte. Le moment le plus délicat fût le passage de la bague supérieure de pont. Heureusement que j’avais tout bien suiffé en amont de l’opération. Après avoir bien reposé le bateau, nous avons fini de faire monter le safran à la bonne hauteur pour reposer la bague en inox de la mèche de safran et remonter la barre franche. A ce niveau, il reste à remettre le sabot. Dans le cas présent j’ai fait, il y a 12 ans, une modification du système de fixation (voir article « Modification fixation sabot de safran Feeling 346 »)
Retour d’expérience
Il n’y a pas eu de problème particulier dans le déroulé du mode opératoire prévu hormis la gestion de la modification du planning au dernier moment. Donc, je réédite à cette occasion tous mes remerciements au site feeling et ses rédacteurs d‘articles qui m’ont permis de préparer et réaliser à bien cette opération. Il me semblait que je devais aussi alimenter cette base de données de ma propre expérience. En revanche, je n’ai pas remis dans ce document tous les différents croquis et plans qui existent sur le site.
Jean sur Côte de Lumière