Réparation de la dérive percée
Avril 2022. Première sortie de l’eau pour les travaux hivernaux courants de Zéphyr depuis que nous en sommes propriétaires. Le programme initial comprend un antifouling complet, la réparation de quelques impacts sur la coque ainsi qu’un nettoyage/lustrage, l’installation d’un propulseur d’étrave et d’un chauffage.
Jusque-là, tout est standard. A cette occasion, nous décidons de faire une petite révision du mécanisme de relevage de la dérive. Arrivés au chantier, nous commençons les vérifications.
Premier constat : il manque une rondelle latérale tribord.
Nous décidons de remplacer les deux rondelles, du coup sortons l’axe de la dérive et la déposons. Cette manœuvre est simple et l’occasion de vérifier l’ensemble du fonctionnement.
C’est à ce moment que nous constatons que la dérive est percée, par poinçonnement, à l’endroit où elle s’appuie en navigation contre une des vis de calage fixées dans le puits de dérive.
C’est une bien mauvaise surprise !
Après examen approfondi par les professionnels du chantier, appels à l’aide auprès de la communauté Feeling, récupération des plans et lecture d’un article récent sur la fabrication d’une nouvelle dérive sur un 39DI, (Grand merci à toutes vos contributions variées) nous évaluons qu’une réparation est possible car le trou est à tribord, alors que l’armature métallique structurelle de la dérive est stratifiée sur bâbord.
Cette information sera déterminante sur la décision de réparer ou de remplacer.
Vue intérieure d’une demie dérive de feeling 39 ou 36.
L’armature structurelle, qui maintient l’axe de rotation est stratifiée.
Dans le même temps, un trou « propre » est effectué afin de sonder l’intérieur et l’état des dégradations.
La structure de la fibre et la stratification sont indemnes. Il n’y a pas de signes de délamination au- delà de la zone endommagée.
La dérive est ouverte, vidée, nettoyée.
Une grande trappe de visite est découpée afin d’accéder à l’ensemble des parties.
Réparation
La mousse structurelle s’est décomposée et l’intérieur rempli d’eau putréfiée. L’odeur est insoutenable. Par déduction, nous évaluons que cette dégradation n’est pas récente.
Une fois vidée et nettoyée, une bande de strate est fixée sur le pourtour de l’ouverture, sur laquelle on viendra en dernier coller la partie découpée.
Sur la dérive, au moment du constat, il y a une pièce ronde de chaque côté, (pour nous, ne reste que le bâbord) rapportée et vissée par l’extérieur, qui semble être là comme cale pour la zone d’appuis de la fameuse vis de butée dans le puits. Peut-être en partie responsable du percement, cette conception qui semble la voie royale pour une entrée d’eau dans la dérive nous incite à les supprimer et les remplacer par des zones d’appuis renforcées, directement stratifiées et inclues à la structure de la dérive.
Une fois les deux parties finies, il va falloir à nouveau remplir la dérive. Plusieurs options ont été envisagées.
La première consistait à remplir la dérive de résine époxy expansive. Elle assurerait la rigidité structurelle et est imperméable à l’eau. Mais cette option présente deux inconvénients : un cout élevé (450€ la cartouche) et un risque de réaction exothermique lié au gros volume à remplir.
La deuxième option, qui a été retenue, est de remplir le plus d’espace possible et accessible par de la mousse Airex 10, conditionnée en plaques de 30mm d’épaisseur, mises en forme, emboitées et collées. Les zones « vides » seront colmatées par de la résine expansive. http://sicomin.com/produits/ames- structurelles/mousses-pet
La partie basse est lestée par du plomb moulé. Elle reste en place.
Une fois l’ensemble « en forme », séché et poncé, vient se poser le couvercle sur la collerette fabriquée au départ, qui sera à son tour collé/stratifié.
La dernière étape sera le ponçage, finitions, et antifouling final.
Entre temps, un tourneur local de Saint Malo a fabriqué des rondelles, patins, fourreau d’axe afin de remettre en fonctionnement tout le mécanisme. Le tout sera remonté quelques jours avant la mise à l’eau afin de s’assurer du bon ajustement et fonctionnement de l’ensemble.
Le budget
- 2 rondelles diamètre 100 mm ext perçage centrée 25mm épaisseur 15mm : PUHT 38 euros x 2
- un fourreau longueur 100 mm diam ext 42mm, perçage centré 25mm intérieur PUHT 54 euros
- 2 patins diam ext 100mm épaisseur 29 mm, filetage centré M40 : PUHT 58 euros x 2
Les patins verticaux glissés le long du puits de dérive sont en bon état et ne seront pas remplacés.
Le montant de cette réparation s’élève à 5000€, dont 50 heures de travail sur la dérive qui représente la moitié du budget.
Voilà le fruit d’une belle coopération, de nombreux échanges de toutes part pour un résultat parfait. Un grand merci à toute l’équipe du Chantier naval du Grand Val, au Minhic sur Rance, que nous connaissons depuis plus de 35 ans et qui a toute notre confiance. http://cngrandval.com/
Merci à toute la communauté Feeling pour ses photos, conseils, soutien. https://clubfeeling1090.fr/
Zéphyr retourne à son élément, le 27 mai 2022, à l’heure prévue et de bonne humeur, déterminé à donner le meilleur de lui-même, paré de ses nouvelles couleurs.
Belles navigations à tous,
Claire et Antoine sur Zéphyr