Les vaigrages
Vaigrages cabine avant de Boisbarbu
Cet article va détailler toutes les phases d'un remplacement des vaigrages dans la cabine avant de mon Feeling 1090.
Tout d'abord, il faut choisir le fournisseur. Au vu des nombreux Feeling que j'ai visités dont les vaigrages avaient été refaits par leur propriétaire ou par un professionnel, j'ai choisi HAFNER, dont tous les clients m'avaient vanté les mérites et la qualité de ses conseils. Mr Hafner, artisan tapissier sellier, formé à l'école Boulle, basé à Tonnay Charente, a un savoir faire impressionant qu'il concentre sur des selleries complexes et délicates, et qu'il partage généreusement avec ses clients lui achetant la matière première: le tissu et la colle. Consulter aussi son blog.
Une fois la commande passée par mail, je reçois dans la journée une procédure de collage du vaigrage incluant de nombreux conseils pratiques. Mr Hafner se tient ensuite très disponible au téléphone, pour me répondre à toutes mes questions, mes doutes, et résoudre les difficultés que je rencontre pendant la pose du vaigrage. J'ai été impressioné par la disponibilité et la générosité de cet homme, qui m'a permis de faire un travail presque à la hauteur d'un bon professionnel, et au moins meilleur que certains pro dont j'ai vu le travail dans quelques uns de nos bateaux.
Pour le collage, Hafner conseille une colle acrylique: Ovalit F. Contrairement à la colle néoprène, elle a les avantages de
- collage simple face, au rouleau, plutôt qu'au pistolet
- être repositionnable
- peu salissante: lavable à l'eau
- odeur moins toxique
- plus résistante que la néoprène
au prix tout de même de quelques précautions
- température de travail d'au moins 20 à 25°
- respect du temps de gommage avant l'application du vaigrage sur la paroi.
Démontage des meubles, plinthes et étagères: 4h
Même si au départ je rechignais à démonter certaines menuiseries, redoutant de les endommager, je me suis rendu compte au fur à mesure des étapes du travail de vaigrage, qu’il est indispensable de les démonter, pour faire un travail de qualité, et surtout pour simplifier ce travail.
Le temps passé au démontage des meubles et menuiseries se regagne facilement dans le mode opératoire du travail sur les vaigrages. Les détails dans cet autre article.
Conventions
Numérotation et appellation
Par convention, j’ai nommé les pièces de vaigrage en fonction de l’ordre de recollage, en fonction des recouvrements, ce qui donne :
- 1B : plafond bâbord
- 1T : plafond tribord
- 2 : triangle sous la baille à mouillage
- 3B : bordé bâbord, au-dessus de l’étagère
- 3T : bordé tribord, au-dessus de l’étagère
- 4B : bordé bâbord, sous l’étagère
- 4T : bordé tribord, sous l’étagère
Marquage des dimensions
Avant de décoller chaque pièce de l’ancien vaigrage, j’observe attentivement tous ses côtés et ses angles pour repérer ses défauts de coupe, ou ses rétrécissements dus au vieillissement. Je note (au feutre directement sur le vaigrage) là où il faudra ajouter du tissu, là où il faut coudre, là où il faut couper de manière différente, là ou un angle devrait avoir une valeur différente.
Ainsi, pendant la coupe des nouvelles pièces de vaigrage, je pourrai corriger en conséquence.
Décollage des vaigrages avec notes et prise de mesures : 4h
Le décollage se fait dans un ordre ou la première pièce arrachée a des côtés qui recouvrent d’autres pièces. Dans Boisbarbu, ce sont les bordés tribord, puis bâbord, puis le triangle de baille à mouillage, puis le plafond.
Tiens, ça résonne maintenant dans la cabine mise à nu de son habillage !
Nettoyage des surfaces (coque et étagère) : 8 à 32h
32 heures si il y a de la colle néoprène sur les parois
- Nettoyage grossier de toute la cabine à la spatule pour enlever les résidus de mousse de l'ancien vaigrage: 8h à 2 personnes, avec démontage des meubles, étagères et cadre de hublot, plinthes, éclairages, câbles du guindeau, cadène de hale bas,...
- Avec la disqueuse et ce disque abrasif, j'enlève toutes les irrégularités et grains de colle sèche et dure, mais inefficace pour la Néoprène encore molle.
- Nettoyage réalisé avec l’outil multifonction vibrant et une lame spatule. Efficace pour la couche de Néoprène.
- Nettoyage plus détaillé avec du Décapex spécial col néoprène, là ou les surfaces restent poisseuses de Néoprène.
- Autre solution : on peut appliquer la colle Ovalit F sur le fond de Néoprène poisseux,à condition d’avoir mis un primaire de type latex utilisé pour l’Ovalit Ultra, ce que je n’ai pas fait car pas trouvé.
Après 3 jours d'efforts, c'est prêt. Ouf ! Travail vraiment ingrat.
Travaux collatéraux
Renfort stratification, étanchéité coque pont, passage de câbles, éclairage, prises USB, câbles guindeau, peinture des fonds, vernis des meubles et boiseries ...
Commande du vaigrage et de la colle
Il faut tenir compte des dimensions pour calculer la longueur nécessaire.
On tient compte des corrections marquées avant l’arrachage
On prévoit 2cm pour les ourlets et coutures des pièces 1B et 1T
On rajoute 4cm sur tous les côtés non cousus, par précaution, par exemple pour compenser une légère déviation lors de la pose.
J'ai commandé 10m de vaigrage Captain cuir blanc 185, en 145cm de large. 10m par sécurité, mais j'ai pu faire la cabine avec 9m. Prix du mètre: 21€.
Frais de port : inclus à partir de 8m
On trouve la colle chez Hafner, et en dépannage dans certains magasins Castorama.
Coupe des nouveaux vaigrages : 3h
On fait le traçage et la coupe à l’envers, pour ne pas que la colle de l’ancien vaigrage ne vienne se coller sur le nouveau et le salir. On déroule le nouveau vaigrage face contre la table, donc avec le côté feutre visible. On pose l’ancienne pièce de vaigrage, côté colle visible, sur le feutre du nouveau.
Avant le traçage, je vérifie que l’ancienne pièce n’a pas rétréci, en remesurant les repères que j’avais fait avant l’arrachage. Bonne surprise, l’ancienne pièce n’a pas rétréci ni rallonger pendant ses 2 mois de stockage plié.
J’utilise les plans que j’ai préparé pour chaque pièce, pour me souvenir quelle marge garder autour de l’ancienne pièce pour dimensionner le nouveau, en tenant compte des ourlets, des 4 cm de sécurité sur les côtés libres, des coutures, des recouvrements, et des indications que j’avais marquées sur l’ancien vaigrage avant son arrachage.
Pour marquer le vaigrage : une craie de couturier, car ni le crayon papier, ni les crayons de tissu ne marquent sur le feutre du vaigrage. Un stylo bille ou feutre marquerait un peu, mais risque de réagir avec la colle et de faire des taches.
Avant de découper, je revérifie puis je prends soin de marquer la nouvelle pièce avec son numéro.
Coutures : 2h
Pour les ourlets, il est préférable d’enlever le feutre sur 2cm de large sur toute la longueur de l’ourlet, surtout si on utilise une machine à coudre de ménage.
Mais même avec ma machine à coudre artisanale, qui pourtant exerce une très grosse pression sur le tissu, l’ourlet sera alors moins épais et rebiquera moins au moment du collage sur le bateau. Il sera donc plus facile à coller et sera mieux plaqué sur la pièce qu’il recouvre. Pour un ourlet de 15mm, j’enlève le feutre sur une largeur approchant les 20mm, ce qui permet de faire le pli du tissu sans feutre. Très beau résultat.
Pour la couture des 2 pièces du plafond, j’assemble déjà les 2 pièces avec du scotch double face collé au niveau des valeurs de couture (la valeur de couture est la zone étroite entre la piqûre et le bord du vaigrage), afin d’éviter que se crée un décalage de longueur entre les 2 pièces quand elles passent à la machine à coudre, et donc une différence de tension entre les 2 pièces (ce qui est un risque courant pour une couture sur une grande longueur).
Il faudra évidemment retirer ce double face après la couture, puis coller les 2 valeurs de couture au dos des pièces, afin qu’il n’y ait pas de surépaisseur au moment du collage au plafond. J’effectue ce collage avec la colle Ovalit F qui est totalement nouvelle pour moi, ce qui me permet donc de faire un premier petit essai. Je maintiens les 2 marges plaquées au dos de la pièce avec une règle alu de 2m, chargée de poids.
Mr Hafner m’avait conseillé de couper les valeurs de couture à 1 ou 2 mm de la couture. Je n’ai pas voulu, pour ne pas risquer d’arracher le tissu tout près de la couture. Alors je collerai ce vaigrage retourné (sur près de 4cm de large et 1,55m de long) au plafond du bateau, avec de la colle silicone ou acrylique.
Préparation de l’étayage : 3h
Bien que Mr Hafner me dise qu’il n’est pas besoin d’étayer si on sait bien utiliser la colle, je fais le choix d’étayer les pièces à coller au plafond, puisque je ne maitrise pas cette colle et ne connais donc pas le moment précis où on peut coller la pièce pour qu’elle tienne immédiatement. J’ai donc fait un plan de gabarits qui me serviront à presser le tissu. Ces gabarits tiendront avec des baguettes de bois en guise d’étais, dont je calcule et note les longueurs.
Je découpe les gabarits de presse dans du medium 3mm, qui aura l’avantage d’être assez souple pour épouser les courbes des plafonds et parois.
Puis je prépare les étais (baguettes de bois) aux longueurs voulues. Il y en faut pas mal : une trentaine. Je perdrai donc moins de temps sur place s’ils sont préparés à l’avance. Il faut dire que j’habite loin de mon bateau, donc ce qui est préparé à la maison sera du temps de gagné sur place.
Collage
Collage de chaque pièce et étayage : 3h + 12h de séchage
Jour 1
On commence par la pièce numéro 1, mais qui est la plus difficile, par sa surface et surtout du fait qu’elle soit au plafond, donc au risque que tout nous retombe sur la figure.
Préparation avant le collage de la pièce numéro 1:
Dès qu’on rentre dans le bateau le matin, on met le chauffage : un dans la cabine et dans le carré. Avec 2 chauffages, il vaut mieux doubler la rallonge électrique qui vient de la borne de quai.
Simuler l’étayage, afin que les plaques soient bien adaptées et que les étais soient prévus. Avant de poser le vaigrage, nous posons toutes les plaques de la moitié tribord de la pièce du plafond. Les plus petites plaques tiendront avec 2 étais, alors que les plus grandes peuvent en nécessiter 4 ou 5. Je remarque avec satisfaction que les longueurs d’étai prévues sont correctes. Quand il manque 1 ou 2 cm, j’ajoute une petite cale, ou un coin de bois, ou les 2.
Une fois les étais positionnés, je marque sur les plaques l’emplacement des étais et surtout leurs longueurs. Cette information directement sur les plaques nous permettra ensuite d’aller très vite dans l’étayage.
Du moment où on amène le tissu dans la cabine, il vaut mieux interrompre le chauffage, d’une part parce que la chaleur serait insupportable pour travailler, mais aussi pour ne pas bruler le tissu qui se balade dans la cabine.
Le centrage de la pièce numéro 1 sur la médiane du plafond. Cette opération est très importante et peut demander du temps si on doit s’y reprendre à plusieurs fois. Très importante, car il n’y a rien de plus moche qu’une couture centrale qui est mal centrée ou qui est sinueuse. En plus les repères sont visuellement faciles à remarquer : le hublot, le plafonnier, la cadène. Il faut donc être parfait. Commencer par tracer la médiane, au crayon de papier (jamais de stylo ou de feutre qui pourraient diffuser au travers du vaigrage) ou mieux, avec un ruban adhésif qu’on aura soin de faire dépasser sur la cloison du carré et sur la cloison de la baille à mouillage, d’une dizaine de centimètres. Avec une règle, tracer au crayon la médiane sur le ruban adhésif.
Poser le vaigrage à cheval sur une baguette assez rigide (j’ai utilisé une plinthe). Positionner la couture juste à tribord de la baguette. Il vaut mieux être à deux, pour présenter la baguette au plafond, de manière que la couture suive parfaitement la médiane tracée au plafond et que les retours sur cloisons carré et baille à mouillage soient identiques (environ 5cm de chaque côté). On peut ensuite étayer solidement la baguette pour qu’elle coince le vaigrage au plafond, sans lui laisser la possibilité de déraper vers bâbord ou tribord.
Environ ¼ heure d’encollage, au rouleau et au gros pinceau rond de 30mm pour les angles. Avec le rouleau ou le pinceau, on prend la colle directement dans son pot.
Une fois l’encollage terminé, il faut attendre qu’elle gomme ! Pas facile à reconnaitre ce gommage quand on n’est pas un pro. Et pourtant, c’est très important : si on n’attend pas assez, la colle n’adhère pas assez pour tenir le vaigrage au plafond, et si on attend trop, c’est trop tard, l’adhérence est moins bonne et il faudra ré-encoller. J’ai noté qu’à 25°C et 70% d’humidité, nous avons attendu ½ heure. Et quelle ne fut pas notre bonne surprise, de voir que le vaigrage tenait tout seul au plafond, même dans les angles, ce qui allait nous faciliter le boulot de marouflage et d’étayage, devenu presque superflu.
Pour poser le tissu sur la colle, je commence par maroufler à partir du centre de la pièce, c’est-à-dire au niveau du hublot, vers le bordé. Une fois que le centre de la pièce est collé, on peut, toujours en partant du centre, maroufler vers les angles arrière et avant. En s’assurant que le tissu ne subisse aucune déformation, donc aucun pli, on maroufle partout, on maroufle et on maroufle, ... On maroufle dans toutes les directions, pour ne pas imposer de tensions au tissu. Pendant ce temps, mon équipière favorite passe l’éponge bien mouillée sur tout le vaigrage, pour nettoyer toute trace accidentelle de colle et mouiller le tissu, ce qui facilite le marouflage.
Avant de maroufler les angles, je décolle le tissu des bordés et de la cloison du carré pour couper aux ciseaux en ne laissant que 2cm de tissu après l’angle. Recoller aussitôt avant que la colle ne manque. Eventuellement ré-appliquer de la colle, en respectant le temps de gommage avant de coller. Pour ne pas couper trop court, il vaut mieux tracer au crayon et à la règle la ligne de coupe.
Bien que ce vaigrage de plafond tienne bien de lui-même, je préfère tout de même étayer, comme prévu. On commence à étayer à l’avant pour finir à l’arrière, afin de ne pas être gêner par la forêt d’étais qui se forme de l’avant à l’arrière de la cabine. Je présente la plaque de medium et peut lire les tailles d’étai qui sont nécessaires pour la plaquer au tissu. Evelyne me passe les étais à la demande, étais qu’elle avait entreposés par dimensions. L’opération se déroule très vite et sans mauvaise surprise, ni besoin d’aller couper une baguette à la scie sauteuse. Nous nous félicitons alors de la très bonne préparation que nous avions faite ce matin, en simulant l’étayage.
L’étayage terminé, je rallume le chauffage et ferme la porte de la cabine pour que la température intérieure monte vers 35°C, afin de réchauffer les parois au-dessus de 20°C. Chauffage de 2000W avec thermostat réglé aux 2/3 et porte de la cabine fermée. Le but est de chauffer les parois que la température extérieure (15°C, voire 7°C le lendemain matin) et le vent se chargent de rafraichir. C’est un peu angoissant de laisser son bateau avec le chauffage à fond, mais ... c’est nécessaire à la polymérisation de la colle.
Avant de quitter le bateau, on prend soin de nettoyer abondement le rouleau et les pinceaux à l’eau et de les faire sécher pour qu’ils soient prêts le lendemain.
Jour 2
Avant de coller la moitié bâbord du plafond, il faut coller la couture au plafond. Ce collage de l’ourlet de couture face PVC au plafond, se fait avec une autre colle : de la colle acrylique en tube, blanche. J’encolle abondamment les 2 ourlets de tissu et sans attendre (suivant le mode d’emploi de la cartouche de colle acrylique), je presse l’ourlet contre le plafond avec 2 lattes et des étais de 100 à 102cm.
Le collage de la moitié bâbord se déroule de manière identique que le collage de la veille. Une fois polymérisé, il faudra découper le contour du hublot.
Jour 3
On va coller la pointe sous les cloisons de la baille à mouillage. Il faut d’abord découper les encoches qui laissent passer les étagères. Soit en prenant modèle sur l’ancien vaigrage, mais qui n’avait pas forcément été découpé correctement, soit en faisant un nouveau gabarit en plastique (un plastique d’emballage comme celui qu’Hafner utilise pour emballer le vaigrage et nous l’expédier) que l’on découpe soigneusement aux étagères. Un seul coup de ciseau suffit, ce qui permettra au vaigrage de faire un léger retour sur le dessus et le dessous de l’étagère. Ce gabarit ensuite posé bien à plat sur les coffres de la cabine avant, on pose le vaigrage dessus et on découpe les mêmes encoches dans le vaigrage.
Comme pour le plafond, j’encolle, j’attends 30mn pour le gommage, je pose en positionnant bien les encoches d’étagères, puis en collant la pointe, et je maroufle, en rinçant avec l’éponge. Pour la découpe des angles, j’utilise une règle et un crayon pour tracer à 2 cm de l’angle, puis je soulève un peu le bord du vaigrage pour le couper au ciseau en suivant mon trait crayon.
Jour 4
Aujourd’hui, nous sommes décidés à coller les 2 pièces du bordé bâbord.
Commençons par la pièce 3B, au-dessus de l’étagère. Elle ne présente pas de difficultés, quoiqu’elle ait une couture, qu’il faudra donc bien aligner sous le pan incliné de la baille à mouillage et sous le rail de fargue. Et cette fois, pas d’étayage puisque cette pièce n’a pas de surfaces surplombantes. Je commence donc par encoller l’avant en positionnant la couture que je fais suivre jusqu’à l’arrière tout le long du rail de fargue, en marouflant.
Il faut ensuite former l’angle avec l’étagère. On peut choisir de faire cet angle bien carré, en contact avec bordé et étagère, ou de lui donner un léger arrondi d’1 à 2cm de rayon pour l’adoucir. J’ai pris soin de recouvrir 15mm du bord de l’étagère d’une bande de masquage, afin que la colle ne salisse pas l’assemblage avec la partie verticale de l’étagère. Je coupe le vaigrage au raz du bord de l’étagère, avec un cutter muni d’une lame neuve.
Puis la pièce 4B, au-dessous de l’étagère. Un peu plus délicate par sa longue couture sous la baille à mouillage ou l’accès n’est pas aisé, par son angle cousu sous l’étagère et par le meuble bâbord que je n’ai pas pu démonter mais juste écarté du bordé de 15 à 20mm, ce qui rend difficile l’encollage au-dessus du meuble puis le glissement du vaigrage derrière le meuble. Il faut bien être conscient des difficultés spécifiques d’une pièce de vaigrage, pour bien anticiper les problèmes durant la pose. Comme pour chaque pièce, nous menons une opération « à blanc », en présentant le tissu et simulant comment on va enchainer les opérations. Ce qui permet aussi de réunir tous les outils dont on aura besoin. Comme pour la pièce précédente, j’ai collé un ruban adhésif de masquage sous le bord de l’étagère.
Puis maroufler, maroufler, maroufler, tout en lavant avec l’éponge. Pour couper bien droit le vaigrage dans les coffres, je marque la coupe avec une règle et un crayon de papier, pour aboutir à une coupe propre et régulière.
Jour 5
Même travail que la veille, mais à tribord, cette fois.
Collage des coutures et des bords libres
Cette finition à la colle polyuréthane permet aux pièces de vaigrages de ne pas se décoller par un bord, et apporte une qualité de finition incomparable en supprimant les lignes d'ombre. Je masque les côtés pour ne pas salir le vaigrage avec les bavures de colle.
Etayage pendant la polymérisation (2 à 3h), et voici le résultat:
Sur cette première image, on voit la différence: à gauche de la ferrure, avant le collage, et à droite de la ferrure, la ligne d'ombre est supprimée.
Sur la deuxième image, on soigne le collage des bas de vaigrage pour qu'ils ne rebiquent pas dans les coffres.
Quantité de colle
Hafner m’ayant conseillé avec insistance de charger généreusement en colle, nous sommes arrivés à la fin du pot de 5kg, alors qu’il nous restait la dernière pièce à coller. Il a donc fallu racheter un pot de 5kg. Dommage, mais en même temps, il ne faut surtout pas vouloir économiser sur la colle au risque d’un mauvais collage, ou d’un collage qui s’affaiblira après quelques années.
Hafner m’avait conseillé un encollage à 500g / m2, mais je n’avais aucune idée comment respecter ce dosage. Alors je me suis basé sur le conseil de ne pas tirer la colle, de charger généreusement, d’encoller de manière à ne plus voir le support. En pesant précisément le pot après chaque encollage, j’ai pu mesurer qu’au début, pour le collage du plafond, nous consommions 750g/m2, c’est-à-dire beaucoup plus que nécessaire. Pour les bordés, je ne consommais plus que 400g/m2. A titre d’information, si vous pesez le pot de colle après chaque pièce de vaigrage collée, la tare (le poids du pot vide) est de 340g, contrairement aux 203g annoncés dans les docs techniques d’Ovalit.
Conditions de travail
Propreté et Protection personnelle
masque, gants, bonnet, combinaison
Bien se protéger de cette colle, car on s'en met partout, surtout pour l'encollage du plafond. Un vêtement souillé ne se détachera pas au lavage.
Les charlottes (bonnet pour les cheveux) vendus en grande surface sont totalement inadaptés, car en tissu fin et très perméable. Il faudrait trouver une charlotte en film plastique étanche. Sinon, on se retrouve souvent avec de la colle dans les cheveux.
Le masque est surtout utile pendant l'utilisation du Décapex néoprène, qui dégage des solvants toxiques.
Protection du bateau
Bien qu’on laisse tomber quelques coulures de colle sur les planches de la couchette et sur les meubles, nous avons décidé de ne pas les recouvrir d’un polyane, qui bougeait dans tous les sens et nous rendait difficile nos déplacements et l’étayage. Un coup d’éponge suffira à nettoyer les traces de colle.
Matériel
Arrachage des vaigrages et nettoyage des parois
1 décimètre
1 crayon feutre
1 spatule large de 70mm
1 brosse métallique, avec une poignée
1 spatule électrique ou un outil multifonction vibreur avec spatule souple.
1 bouteille de Décapex Gel spécial colle néoprène
1 pinceau de 50mm pour étaler le Décapex
1 masque (avec cartouches contre les émanations du Décapex)
Aspirateur
Lampe baladeuse 60W
Pistolet à colle silicone pour coller les fils électrique au plafond
Démontage des meubles
Tournevis électrique avec embout cruciforme
Outil pour découper la stratification pour le meuble bâbord
Coupe et couture des vaigrages
1 paire de ciseaux de qualité
1 règle de 2m
1 double mètre à ruban
1 craie à tissu, pour marquer sur le feutre
1 machine à coudre costaud (machine artisanale)
Fil à coudre de qualité marine (style Cousin) blanc
Pose des vaigrages
Colle Ovalit F, en pot de 5l. Ne se trouve pas facilement en grande surface de bricolage (dans quelques magasins Castorama). Le commander chez Hafner. En cas de rupture, on peut éventuellement la remplacer par la colle Quellyd Optima 2, aussi en 5kg.
Un rouleau à poils longs (comme pour du crépi), de gros diamètre (60 à 80mm) et de petite longueur (80 à 90mm). N’ayant pas pu en trouver un si court en magasin, je m’en suis fabriqué un en coupant de moitié un rouleau standard et en bricolant son axe.
1 gros pinceau rond de 30mm
1 petit pinceau rond de 10mm
1 seau pour stocker le rouleau et les pinceaux en fin d’encollage et les laver
1 2ème seau d’eau toujours claire, avec 2 éponges (une normale et une grosse) pour laver le vaigrage posé
1 spatule à maroufler, en plastique rigide.
1 paire de bons ciseaux, pour couper les surplus, sur les bords et dans les angles.
1 cutter à lame neuve
1 cartouche de colle acrylique dans un pistolet, pour le collage des coutures sur l’autre vaigrage
1 crayon
1 gomme
1 règle de 50 à 60cm
1 double mètre à ruban, pour mesurer la longueur nécessaire des étais
1 combinaison de peinture
1 charlotte de protection des cheveux
1 appareil de chauffage 2000W, avec une grande rallonge allant jusqu’à la prise de quai
1 thermomètre
1 hygromètre
Des plaques en medium 5mm découpées aux tailles des vaigrages à étayer
Des baguettes de bois 15x15mm des dimensions calculées pour soutenir les plaques de médium
Des chutes de vaigrage pour faire des tampons entre étais et vaigrage
Des cales de toutes les tailles entre 1 et 6cm d’épaisseur
Des coins de bois pour ajuster la longueur des étais
Une scie sauteuse électrique
Repose de la menuiserie
1 tournevis électrique
Des pointes laitons pour les plinthes
Charge de travail
- 3 jours pour le nettoyage des parois et le démontage des meubles
- 1 jour pour la coupe et la couture des vaigrages, et la préparation de l’étayage
- 5 jours de collage des vaigrages
- 1 jour de finitions et repose des meubles et accessoires
Planning
Planning de pose du vaigrage
Travailler chaque matin, afin que la polymérisation puisse commencer l’après-midi, et se terminer la nuit, pour autant que la cabine soit abondamment chauffée.
- Jour 1 : la pièce du plafond : centrage et collage de la moitié tribord. 4h
- Jour 2 : collage de la moitié bâbord : 3h
- Jour 3 : collage de la pièce sous la baille à mouillage
- Jour 4 : collage des 2 pièces bâbord
- Jour 5 : collage des 2 pièces tribord
Temps de travail de chaque séance de collage, à 2 personnes
- présentation des plaques d’étayage et sélection des étais : 30mn
- Encollage au rouleau et pinceau pour les angles : 15mn
- Attente du gommage : 30mn, bien que ce temps dépende largement de la température et de l’humidité
- Collage du vaigrage, marouflage, coupe des angles, lessivage : 30mn
- Etayage : 30mn
Soit environ 2h ¼ ou il faut ajouter les temps de mise en route, nettoyage, ... soit 3h par séance. Ces temps mesurés pour le plafond, seront un peu réduits pour les pièces de bordés.
Voilà, il ne reste plus qu'à remonter les meubles, les étagères, l’éclairage, la cadène de hale bas, les câbles du guindeau, et à prendre une photo du résultat final.
Satisfaction du résultat fini
avec les meubles revernis
et les coffres blanchis à la Danboline (2 couches).
La cabine avant est comme neuve !
Gérard, sur Boisbarbu.
Appel à contribution
Les dossiers sont très utiles, car ils sont le fruit de vos expériences, grandes ou modestes. Quelque soit la réparation, la modification, l'aménagement, l'amélioration que vous avez réalisée, demandez moi à publier votre contribution. Merci.